vendredi 13 juin 2008

La campagne vue d'Israel

Jerusalem Post du 12/6/2008

Le 22 juin prochain, aura lieu l'élection du Grand Rabbin de France, la première autorité morale et religieuse juive de l'Hexagone.

En lice : l'actuel Grand Rabbin, Joseph Haïm Sitruk, qui se présente pour un 4e mandat. Joseph Sitruk. Charismatique, il bénéficie d'un grand prestige au sein de la communauté. Face à lui, Gilles Bernheim, le Grand Rabbin de la synagogue de la Victoire à Paris. L'universitaire ashkénaze de 56 ans, vice-président de l'amitié judéo-chrétienne, a une image "d'intellectuel" ouvert sur le monde extérieur.

Les deux candidats, qui se sont déjà affrontés en 1994, seront départagés par un collège de 300 délégués du Consistoire central de France, lors d'un scrutin qui devra également renouveler le mandat du président de cette institution.

L'élection du Grand Rabbin est un moment très attendu pour la communauté juive française. C'est l'occasion pour elle de définir les principes qui la guideront durant les sept prochaines années. Pour la première fois, les deux candidats ont été conviés par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à un "grand oral". Reçu le 22 mai dernier, l'actuel Joseph Haïm Sitruk a exprimé son envie de continuer après vingt et un ans à la tête du grand rabbinat, malgré une grave attaque cérébrale en 2001.

Fier de son bilan, le Grand Rabbin voudrait néanmoins "consolider et innover" et avance quelques pistes : prendre en compte la réalité des enfants issus de couples mixtes, créer un sigle labellisé de cacheroute, aller à la rencontre des petites communautés. Il s'est également exprimé pour un "retour sans conditions préalables du Consistoire central au sein du CRIF".

Lors de l'annonce de sa candidature, le 3 février dernier, son challenger a plaidé pour une communauté "solidaire" et "responsable » dans la société française "sans jamais cesser de plaider haut et fort la cause d'Israël et de revendiquer avec la plus grande énergie la possibilité de pratiquer les commandements (mitzvot) et de développer l'enseignement de la Torah", en consacrant tous les efforts sur la jeunesse à qui il faut donner "envie de judaïsme". Une critique en filigrane du manque d'initiatives du Grand Rabbin Sitruk envers les mouvements de jeunesse juifs en France. Gilles Bernheim a également promis, s'il était élu, de ne pas créer d'institution en dehors du Consistoire central.

Un sujet sensible car les détracteurs de l'actuel Grand Rabbin lui reprochent d'avoir fondé une structure totalement indépendante du Consistoire, le centre Alef, à Neuilly-sur-Seine (92). En charge du département "Tora et Société" au Consistoire de Paris, Gilles Bernheim se dit convaincu que "le judaïsme doit s'exprimer sur les problèmes de société".

La campagne électorale qui oppose les deux candidats se joue aussi sur Internet. Depuis l'annonce de sa candidature, Gilles Bernheim utilise le plus possible les nouvelles technologies, "convaincu du rôle majeur que joue désormais Internet dans la communauté juive et dans l'exercice du rabbinat". Il a ainsi proposé un "chat" avec les internautes, le 29 mai dernier, sur son site gillesbernheim2008.fr. Un film 24 heures de la vie du Grand Rabbin Gilles Bernheim, disponible sur son blog et son site de soutien (www.avenirdujudaisme.fr) le met même en scène officiant à la synagogue et faisant son jogging.

Le Grand Rabbin Sitruk s'adresse aussi aux internautes sur son site www.lesamisdugrandrabbin.com.

Cette utilisation massive et inédite des moyens électroniques n'est pas sans dérapage. Le Collectif pour l'Initiative rabbinique a ainsi publié un communiqué, le 5 juin dernier, pour dénoncer "une véritable campagne de calomnies, de rumeurs, de ragots, à travers les moyens de communications d'aujourd'hui, en particulier d'Internet." A l'approche du scrutin du 22 juin, la tension monte. Selon certains observateurs privilégiés, les résultats promettent d'être serrés.

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