vendredi 23 mai 2008

Le grand rabbin Sitruk: «Pour un retour sans conditions préalables du Consistoire Central au sein du CRIF»

L’élection du Grand rabbin de France aura lieu, on le sait, le 22 juin prochain. C’est un moment très attendu pour la communauté juive comme pour la communauté nationale. Une fois n’est pas coutume, le CRIF et les Amis du CRIF, par le biais de leurs « Grands rendez-vous », ont demandé aux deux candidats, Joseph Sitruk et Gilles Bernheim, de venir exposer leurs programmes et de répondre aux questions de dirigeants communautaires.

La première de ces deux importantes réunions a eu lieu le jeudi 22 mai au Centre Rachi où le CRIF recevait l’actuel Grand rabbin de France, candidat à sa propre réélection. Le Grand rabbin de la synagogue de la Victoire s’exprimera, lui, le jeudi 5 juin au Centre Communautaire de Paris.

Accueilli par le président du CRIF, Richard Prasquier, par ailleurs, président de l’association des amis du CRIF, Jean-Pierre Allali, Meyer Habib, Nathalie Cohen-Beizermann, Raoul Ghozlan, membres du Bureau Exécutif, et par Haïm Musicant, directeur général du CRIF, le Grand rabbin Sitruk a voulu, d’entrée de jeu, affirmer qu’il ne pratiquerait pas la langue de bois. Revenant sur le dramatique accident vasculaire auquel il a été confronté il y a quelques années, il a expliqué que le prénom Haïm qu’il a ajouté à Yossef au sortir de cette épreuve, lui a été suggéré par le célèbre kabbaliste Yitzhak Kadouri, décédé depuis en janvier dernier. « Yossef Haïm » se traduit littéralement par « Il ajoute la vie », une expression pour le moins symbolique. Le Grand rabbin, qui reconnaît sa dette à l’égard de sa communauté et qui poursuit sa rééducation, considère qu’il n’a pas encore achevé sa mission. Cela ne n’empêche pas de penser à sa succession. Dans cet esprit, il compte mettre en place un Collège rabbinique dans lequel, tout naturellement, ce successeur sera choisi. Pour l’heure, dans la continuité de ce qu’il estime avoir déjà accompli, le Grand rabbin voudrait « consolider et innover ». Un slogan a été choisi : « Être Juif en France, demain » et trois défis devront être relevés : l’Unité, l’Ouverture, la Transmission. Pour cela, un outil : le PAC : Plan d’Action Communautaire et une volonté, celle d’utiliser au mieux, dans les actions à mener, les nouvelles technologies d’information et de communication. Dans la pratique, le Grand rabbin a donné quelques exemples de lignes d’action : prendre en compte la réalité des enfants issus de couples mixtes, aller à la rencontre des petites communautés, notamment en organisant 1000 conférences mensuelles à travers le pays, créer un sigle labellisé de cacheroute et, dans ce domaine sensible, se soucier du rapport « qualité-prix ».

Après une intervention liminaire, le Grand rabbin Sitruk a répondu sans détours aux questions de l’assistance. Au nom du CRIF, mais aussi de la Wizo et de l’association « Noa, osons-le dire » qui s’occupe de femmes victimes de violences conjugales, Nathalie Cohen-Beizerman, membre du Bureau Exécutif du CRIF et présidente de la Wizo a interrogé le Grand rabbin sur le « guet », que des maris récalcitrants refusent souvent de donner, sur les enfants issus de mariages mixtes et sur une affaire récente de violence conjugale. Secrétaire général des Amis du CRIF, Joël Amar, a demandé des précisions sur le Collège rabbinique à venir, Jean-Yves Coronel, citant une responsable du rabbin Mosché Feinstein a demandé s’il fallait interdire en milieu juif, l’usage du tabac. Très intéressé, le Grand rabbin a promis d’étudier avec sérieux la question. Vice-président du CRIF, Meyer Habib a interrogé Joseph Sitruk sur l’éventualité d’une réintégration, sans conditions préalables, du Consistoire Central au sein du CRIF. Très encourageante, la réponse a été sans ambages : « Oui, si je suis élu ». Maurice Biederman, évoquant un pamphlet hostile au Grand rabbin Bernheim, a demandé si Joseph Sitruk est favorable au dialogue judéo-chrétien. Réponse positive là aussi. J.P. Amoyelle, analysant un récent sondage, s’est inquiété de la présence d’un tiers des enfants juifs dans des écoles catholiques. Une solution, pour le Grand rabbin, parmi d’autres : rendre l’école juive moins coûteuse. André Dehry a suggéré d’imposer aux élèves rabbins du Séminaire de préparer simultanément quelques unités de valeurs à la Sorbonne. Le Grand rabbin y est favorable. M. Ohana est revenu à la forte mobilisation du public français et du président Mitterrand en 1989 lors des événements de Carpentras, événements sur lesquels, Joseph Sitruk, déjà en poste à l’époque, a donné plusieurs précisions.

Une soirée très réussie.

Photo : © 2008 Alain Azria

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